Le souffle de l’Alsace
La Bloosmusik – en français dans le texte : musique qui souffle – est à la musique alsacienne ce que la choucroute est à la gastronomie : inévitable ! Exemple en musique avec l’Orchestre de Roger Halm.
Qui, des liens de l’Alsace avec l’Empire austro-hongrois des Habsbourg ou de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne de Guillaume II entre 1871 et 1918, explique le mieux l’importance de la Bloosmusik dans l’univers musical alsacien ? Les deux sans doute. Au sens propre, la Bloosmusik évoque une musique jouée avec des instruments à vent : la musique qui souffle.
Sauvée de la disparition
Comme les cigognes, la Bloosmusik a failli disparaître dans les années 1970. Et dans les années 1990, ce sont des jeunes musiciens, quelque fois des lycéens, qui ont décidé de ranimer la flamme. À l’image de Roger Halm, enfant du nord de l’Alsace, élève clarinettiste du Conservatoire de Strasbourg, parfaitement à l’aise avec le concerto pour clarinette de Mozart, qui crée son orchestre en 1995. Vingt-cinq ans après, l’Orchestre de Roger Halm est beaucoup plus connu en Allemagne, en Autriche, en République tchèque, qu’en France. En 2016, en Autriche, l’orchestre alsacien participe au Woodstock der Blasmusik. En 2017, à Munich, il arrive en finale du Grand Prix der Blasmusik devant des ensembles allemands, autrichiens, italiens ou tchèques. Et, en mai 2019, le titre « Omama und Opapa » figure à la deuxième place du hitparade der Blasmusik sur la chaîne de télévision allemande SWR4 !
Devant des milliers de personnes
« Le premier morceau qui m’a donné la chair de poule, c’est une pièce de Bloosmusik », raconte Roger Halm. Aujourd’hui, les vingt-cinq musiciens de l’Orchestre – trompettistes, clarinettistes, chanteurs – jouent régulièrement devant des milliers de personnes, comme au Dôme de Mutzig au début de cette année. Les auditeurs y entendent des airs de fêtes de villages, de sérénades de conscrits, de montées avec le troupeau sur les chaumes vosgiens, de retours des vendages, de repas de moissons, mais aussi les airs aigrelets de l’Orient, la flamboyance du flamenco, la chaleur du jazz, l’hystérie de la pop, de la tendresse, pas mal d’amour et beaucoup d’humour toujours aiguisé par le Witzmann, qui assure la bonne humeur et les rigolades tout au long du spectacle.
Prochain concert, le 1er septembre à 20 heures, sur la place du Marché aux Poissons, à Strasbourg.
Crédits photo : Jacky Poupot